l'Aéropostale

 

L'Aéropostale est liée au nom de Pierre-Georges Latécoère (1883-1943). Ses débuts dans l'aviation sont dus à une commande du ministère de l'Armement en octobre 1917. Celle-ci portait sur la construction de mille avions biplaces de reconnaissance Salmson 2A.2, avec la première livraison en mai 1918. Des nouveaux bâtiments, un aérodrome, des hangars sont construits du côté de Montaudran (sud-est de Toulouse) pour assurer la production. A la fin de la guerre 1914-1918, 550 avions Salmson auront été livrés ainsi que de nombreux prototypes dessinés.

L'idée du lancement d'une ligne régulière de transport de courrier, voire d'un réseau voit le jour en 1918. A cette époque, les Américains ont déjà lancé l'U.S. Air Mail Service avec l'utilisation de Curtiss Jenny. Grâce à l'aide de Beppo de Massimi, et de multiples contacts avec les autorités françaises et espagnoles, un voyage Toulouse-Barcelone peut être effectué en décembre 1918. La ligne est prolongée vers le Maroc, et en juillet 1919, est signé un contrat d'exploitation pour la ligne Toulouse-Rabat qui sera ouverte officiellement en septembre 1919 avec des Breguet 14. En 1922, la liaison Toulouse-Casablanca devient quotidienne, en octobre est inaugurée la ligne Casablanca-Rabat-Fez-Oran.

Jean Mermoz (1901-1936) est engagé en octobre 1924, en juin 1925, c'est le premier service Casablanca-Dakar par Emile Lécrivain et Edmond Lassalle (2.760 km en 23h). Ce parcours avec une partie en Mauritanie sera par la suite le théâtre de multiples histoires : atterrissages forcés, enlèvement, rançon pour la libération des pilotes, survie dans le désert. Saint-Exupéry est embauché en octobre 1926, d'abord pilote, il sera en octobre 1927 nommé chef de l'aéroplace de Cap-Juby dans le Rio de Oro. En novembre de cette même année, c'est l'inauguration des premières lignes en Amérique du Sud (Rio de Janeiro-Natal et Rio de Janeiro-Buenos Aires) grâce aux concours actifs de l'industriel Marcel Bouilloux-Lafont (1871-1944). et du pilote argentin Vicente Almandos Almonacid.

Cette année 1927 est importante dans l'histoire des liaisons aériennes françaises, puisque début avril de cette même année, la propriété de la Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques passe pour 93% de Pierre-Georges Latécoère à Marcel Bouilloux-Lafont, au prix de 30 millions de francs. Elle prend, fin septembre suivant, sur proposition de ce dernier, une nouvelle raison sociale dont le nom restera dans l'Histoire : la Compagnie Générale Aéropostale.
En avril 1928, c'est le premier service de nuit entre Rio de Janeiro et Buenos Aires, puis la reconnaissance du parcours vers la Bolivie et le Paraguay. En janvier 1929, c'est la première liaison Buenos Aires-Asuncion (Paraguay). Jean Mermoz et Alexandre Collenot rallient la Patagonie en février, en mars, c'est le franchissement de la cordillère des Andes entre San Antonio Oeste (Argentine) et Santiago (Chili) par ces mêmes pilotes et le comte Henry de La Vaulx. Mermoz et Collenot furent victimes d'un accident au retour et durent atterrir à 4.200 m d'altitude. Ils parviendront à rejoindre la ville minière de Copiapo (Chili) après deux jours et deux nuits de lutte. Le premier service Buenos Aires-Mendoza-Santiago sera assuré par Mermoz et Guillaumet en juillet 1929 sur Potez 25. Affiche de l'Aéropostale (photo : Air France)

En mai 1930, c'est la première traversée commerciale de l'Atlantique Sud entre Saint-Louis du Sénégal et Natal par Jean Mermoz, Jean Dabry et Léopold Gimié sur l'hydravion Latécoère 28.3 Comte-de-La Vaulx. L'avion sera perdu lors du voyage de retour le 9 juillet, l'équipage sera récupéré par l'aviso Phocée. En juin de cette année, au cours de sa 92e traversée des Andes, Henri Guillaumet, à bord d'un Potez 25, fut victime d'un accident dans les parages de la Laguna Diamante (Lagune du Diamant, un lac situé dans la province de Mendoza, en Argentine, à proximité de la frontière avec le Chili). Il survit au terme d'une incroyable marche forcée et fut retrouvé après une semaine de recherches.

En 1933, ce sont les premiers essais du trimoteur Couzinet 70 Arc-en-Ciel. Cet appareil traversera l'Atlantique Sud en 14h 27min, le 16 janvier avec Mermoz et Couzinet à son bord. Le grand hydravion Latécoère 300 Croix-du-Sud traverse pour la première fois l'océan en janvier 1934, le Latécoère 521 Lieutenant-de-Vaisseau-Paris est essayé en décembre 1935, le Latécoère 301 Ville-de-Rio traverse l'Atlantique en janvier 1936, en février de la même année disparaît le Latécoère 301 Ville-de-Buenos Aires.


L'évolution de la société Latécoère :
- en novembre 1918, dépôt des statuts d'une société d'exploitation nommée Compagnie Espagne, Maroc, Algérie (C.E.M.A.).
- en avril 1921, la société Latécoère devient la Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques (C.G.E.A.), la partie construction industrielle devient Société Industrielle d'Aviation Latécoère (S.I.D.A.L.).
- en 1922, toutes les activités hors aviation (forges, usine de wagons) sont vendues.
- en avril 1927, la C.G.E.A. est vendue au groupe de Marcel Bouilloux-Lafont et devient la Compagnie Générale Aéropostale.
- en mars 1931, suite au dépôt de bilan de la banque Bouilloux-Lafont, l'Aéropostale est déclarée en cessation de paiement.
- en mai 1933, la Société Centrale pour l'Exploitation des Lignes Aériennes (S.C.E.L.A.) qui regroupe Air Orient, la C.I.D.N.A. (Compagnie Internationale de Navigation Aérienne), Farman et Air Union rachète l'Aéropostale.
- en octobre 1933, la société S.C.E.L.A. devient Air France.



La fin des pilotes les plus connus :
- Jean Mermoz, alors inspecteur général d'Air France disparut lors d'une traversée Dakar Port-Natal, le 7 décembre 1936. Le dernier message de l'hydravion Latécoère 300 Croix-du-Sud, reçu quatre heures après le départ fut "Coupons moteur arrière droit ...". L'appareil ne fut jamais retrouvé. L'équipage était composé de Jean Mermoz, Alexandre Pichodou, Henri Ezan, Jean Lavidalie et Edgar Cruveilher.
- Antoine de Saint-Exupéry ne revint pas d'une mission de reconnaissance photographique en Méditerranée, le 31 juillet 1944. Son avion, un P-38 Lightning F-5 disparut lors du retour (vol Bastia, Provence, puis survol de la région Lyon/Grenoble).
- Henri Guillaumet disparut avec Marcel Reine alors qu'il pilotait, lors d'un vol entre Marseille et Beyrouth, le quadrimoteur Farman 2234 (N.C. 2234 n° 2, immatriculation F-AROA, Le Verrier), de la compagnie Air France, aux environs de Malte fin novembre 1940. Son appareil civil fut pris soudainement dans une bataille aéronavale entre Italiens et Britanniques et fut mitraillé par erreur. Le torpilleur Typhon ne retrouva que des débris de l'avion sur les lieux de l'accident. Guillaumet était entré en février 1926 chez Latécoère.



Avions de l'Aéropostale (1919-1938) Cartes des lignes de l'Aéropostale (1918-1936) Généalogie de la compagnie Air France

- En complément, site sur l'Aéropostale et site de la société Latécoère.

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