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De Havilland D.H.110 Sea Vixen

septembre 1951 De havilland-D.h.112 venom

Vue d'un Sea Vixen Vue d'un Sea Vixen de la Royal Navy.

Le Royaume-Uni mit en service plusieurs avions notables durant les décennies de la guerre froide, et parmi ces derniers, une contribution telle fut le de Havilland D.H.110 Sea Vixen (qui pourrait être traduit en français par renarde de mer), un appareil biplace bimoteur doté de poutres portant les plans de queue qui servit seulement dans la Fleet Air Arm de la Royal Navy sur la période allant de 1959 jusqu'à 1972. La production fut limitée à environ 145 exemplaires, et ces appareils servirent depuis des bases à terre ou à bord de porte-avions, comme chasseurs tout temps possédant aussi la capacité à emporter une bombe nucléaire à chute libre. Le Sea Vixen fut adopté pour remplacer le plus ancien et fiable chasseur-bombardier de Havilland Sea Venom d'une architecture globalement similaire, soit une machine biplace avec deux perches. C'était un contemporain du chasseur de même nature Javelin, et il avait été envisagé d'attribuer un rôle double à ce dernier avion, en le mettant en service dans la Royal Air Force, et en version marine dans la Royal Navy.

Le Sea Vixen était une machine performante au moment de son apparition, en étant capable de rivaliser avec n'importe lequel des chasseurs de sa catégorie, et il fut le premier appareil d'origine britannique biplace à ailes en flèche (angle de 40°) possédant la capacité tout temps mis en service dans la force aérienne de ce pays. Le premier vol du prototype (WG236) fut effectué fin septembre 1951, à Hatfield, Hertfordshire, aux mains de John Cunningham. Un deuxième prototype (WG240 ) fut construit, mais le programme subit un sérieux revers, quand le premier prototype se désintégra an vol, lors du meeting aérien de Farnborough, Hampshire, tenu début septembre 1952. L'accident dû à la perte d'une partie extérieure de l'aile droite suivie d'une rupture d'un élément de l'aile gauche coûta la vie au pilote John Derry et à l'observateur Anthony Richards, et fit une trentaine de victime parmi les spectateurs. L'enquête qui suivit eut pour conséquence l'interdiction de vol de l'appareil, en attendant un examen approfondi, et des modifications furent appliquées ultérieurement sur le deuxième prototype du chasseur.

La forme des ailes du Sea Vixen était la cause du problème. La disposition particulière du bord d'attaque qui était correcte sur les légers Vampire et Venom, n'était plus adaptée pour un appareil beaucoup plus grand. La structure des plans fut considérablement revue, avec un longeron avant et des nervures plus épaisses, et le renforcement des éléments de liaison entre les longerons. Un plan horizontal de queue mobile à gouverne articulée fut également adopté à la place de celui fixe d'origine, et la partie arrière de cet élément était déployée automatiquement vers le haut, de manière séparée, lorsque les volets étaient sortis, ce qui évitait de toucher au trim. Les volets étaient de type Fowler avec une extension vers l'arrière lors du déploiement. Les gouvernes de direction étaient motorisées et les commandes des ailerons avaient été améliorées. Par ailleurs, le chasseur était doté d'une crosse d'appontage et d'un large frein aérodynamique placé sous le fuselage et se déployant au niveau des entrées d'air des moteurs.

En comparaison par rapport à l'établi mais vieillissant Sea Venom, l'architecture du nouveau chasseur restait assez semblable, avec la conservation des deux perches. Cependant, les différences entre les deux appareils étaient importantes, avec sur le nouveau chasseur, le plan horizontal de queue monté en position haute entre les deux dérives, des ailes en flèche, ce qui devenait un standard pour les avions de ce type dotés de réacteurs des années 1950, et deux moteurs étaient montés de manière à fournir une puissance supérieure. Le cockpit de l'unique pilote décentré sur la gauche donnait au Sea Vixen une allure de chasseur monoplace, mais avec un aspect assez particulier de face ou de dessus. L'opérateur radar était placé légèrement en retrait du pilote, en en position plus basse, dans un habitacle clos afin d'améliorer la visibilité des écrans. Comme l'appareil devait être embarqué sur porte-avions, les extrémités des ailes étaient repliables hydrauliquement de manière à faciliter le rangement dans les hangars. Le système radar était un GEC AI-18 Air Interception (Mk. 18), logé dans le cône articulé de pointe avant, de manière à en faciliter la maintenance. Le train d'atterrissage tricycle entièrement rétractable comprenait des jambes de train principal portant une roue et un roulette avant simple. Le cockpit était équipé de sièges éjectables Martin-Baker Mk. 4, et l'appareil pouvait être ravitaillé en vol grâce à une perche placé à l'extérieur de l'avant du ponton gauche.

Les réacteurs étaient deux Rolls-Royce Avon Mk. 208 fournissant une poussée unitaire de 11.000 lbf (4.990 kgp). Ils permettaient à cet appareil d'atteindre une vitesse maximale de 690 mph (1.110 km/h) au niveau de la mer, soit Mach 0.90, avec un rayon d'action de 790 miles (1.270 km), un plafond de presque 48.000 pieds (14.630 m), et une capacité à monter atteignant 9.000 pieds (environ 2.740 m) par minute. L'armement standard était constitué de quatre missiles air-air Firestreak à guidage infrarouge montés sous les ailes, et il fut élargi plus tard pour inclure également des missiles Red Top. L'avion pouvait aussi emporter quatre paniers à roquettes Matra contenant chacun 18 éléments SNEB de diamètre 68 mm, soit un total de 72 armes. Appareil de la période guerre froide, il pouvait également emporter une bombe atomique tactique à chute libre Red Beard. Le Sea Vixen fut le premier avion britannique non doté d'arme interne de type mitrailleuse ou canon, et il devait se défendre uniquement au moyen de missiles, ce qui limitait un peu sa capacité tactique. Un total de six points d'emport sous les ailes permettaient le montage d'armes diverses ou de réservoirs supplémentaires suivant les missions.

Avec l'accident survenu en 1952, le Sea Vixen ne devint opérationnel qu'en juillet 1959, après la correction de la conception. A partir de ce moment, cet avion devint l'équipement principal des unités aériennes embarquées sur les porte-avions britanniques pendant une bonne dizaine d'années, avant qu'un remplaçant ne fut trouvé. Le modèle initial fut le F.A.W. (soit Fighter, All-Weather) Mark 1, qui servit dans cinq Squadrons et dans le Training Squadron No. 766B de 1958 jusqu'à 1966. La variante suivante fut le F.A.W. Mk. 2, un modèle amélioré issu de conversion de machines plus anciennes ou construit, qui recevait des missiles Firestreak revus, et avait des perches d'une section plus large, permettant un emport de carburant plus important, ce qui augmentait le rayon d'action. Le Sea Vixen fut fabriqué en environ 150 exemplaires, servit uniquement dans la Fleet Air Arm de la Royal Navy, et ne fut pas exporté.

Malgré une carrière relativement longue durant une période historique tumultueuse, le Sea Vixen ne participa à aucune action guerrière officielle directe durant son service dans la Fleet Air Arm. Il fut employé pour des missions de patrouille durant la tentative d'annexion du Koweït par l'Irak en 1961, et lors d'évènements intervenus au Tanganyika durant l'année 1964. Plus tard dans cette même année, ces avions furent employés pour lutter contre des forces rebelles dans la région du Golfe Persique, et les appareils du Squadron No. 892 embarqués sur le H.M.S. Centaur, aidèrent à empêcher une escalade de la confrontation entre l'Indonésie et la Malaisie, également en 1964. Au-delà de missions de patrouille et de support, le temps au combat du Sea Vixen fut limité en comparaison de celui de ses contemporains de la période, néanmoins, il fut un important composant des opérations de la Royal Navy, et servit dans des initiatives de démonstration de force.

Quelques Sea Vixen furent conservés dans des musées après leur retrait en 1972 dû aux coûts de maintenance croissants et à la technologie qui datait, et le chasseur fut remplacé par des appareils américains F-4 Phantom II. Quelques exemplaires furent convertis en drones sous la désignation D.Mk. 3, et d'autres furent transformés en remorqueurs de cibles sous la désignation TT. Mk. 2.

Vue d'un Sea Vixen F.A.W.2 (origine : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson) Vue et plan d'un Sea Vixen F.(A.W).2. Prototype immatriculé XN684, cn 10092, destiné à la Fleet Air Arm et équipé de quatre missiles Hawker Siddeley Red Top.

Plan d'un Sea Vixen F.A.W.2 (origine : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson)

Source partielle : Fighters, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson.

D.H.110             
Moteurs(s)/Engine(s)   2 réacteurs de 5.105 kgp                    Rolls-Royce Avon 208                              
Envergure/Span 15,24 m (50 ft) Longueur/Length 16,31 m (53 ft 6.1 in) Hauteur/Height 3,35 m (10 ft 11.9 in) Poids total/Weight 17.010 kg (37,500 lb)
Vitesse/Speed 1085 km/h à 3050 m           Plafond/Ceiling 14.630 m (48,000 ft) Autonomie/Range                      Endurance/Endurance 1 heure 30 minutes  


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