Lockheed-T-33a                

Lockheed U-2

août 1955 Lockheed-Ventura

Vue d'un avion espion U-2 Vue d'un avion espion à haute altitude U-2 (probablement U-2R, code BB, immatriculation 80-1080, cn 080).

Il existait une histoire qui indiquait que les initiales de l'agence centrale de renseignement américaine, fondée en 1947, la Central Intelligence Agency, soit CIA, pouvait également indiquer 'Caught In the Act', et le U-2 fut certainement l'avion le plus apte à mériter cette dernière description, avec un tel effet de surprise sur le plan mondial, quand un appareil de ce type, piloté par Francis Gary Powers fut abattu par un missile sol-air au-dessus de l'Union Soviétique, en mai 1960. Le financement de la conception de l'avion ne fut peut-être pas assurée par l'agence, mais il ne fait aucun doute qu'avant cette époque, l'appareil fut employé dans des missions secrètes et périlleuses de reconnaissance, pour le compte de cet organisme, en raison de son appartenance à la catégorie Utility, et sa description officielle comme un appareil de recherche à haute altitude. De manière ironique, le U-2, après l'affaire Powers, fut obligé d'effectuer des tâches de même genre, mais sa contribution à la connaissance aéronautique ne doit pas être réduite à ce domaine.

Le travail de recherche fait avec cet avion, fut principalement effectué pour le compte de la NASA (National Aeronautics and Space Administration), et l'appareil fut mis en oeuvre en premier dans le Strategic Reconnaissance Squadron No. 4028 (reconnaissance météorologique) du Strategic Air Command aux Etats-Unis. Avant d'être démasqué comme avion espion, le U-2 avait volé depuis des bases situées dans des régions aussi éloignées les unes des autres que sont l'Alaska, le Pakistan, le Japon, la Chine Nationaliste, l'Allemagne, et le Royaume-Uni. Parmi les missions scientifiques effectuées par cet appareil, on peut citer le prélèvement d'échantillons en haute atmosphère, dans le cadre du programme HASP (High Altitude Sampling Program), mené sous la direction de la Defense Atomic Support Agency.

La production initiale du modèle, fut d'environ cinquante U-2A et U-2B (type non fabriqué). Le U-2A était équipé d'un réacteur sans réchauffe Pratt & Whitney J57, d'une poussée d'environ 10.000 lbf (4.535 kgp), et de réservoirs supplémentaires installés sous les ailes. La version suivante fut le U-2C, amélioré sur certains points, équipé d'un plus puissant moteur Pratt & Whitney J75-P-13, et dont les entrées d'air du réacteur avaient été modifiées. La variante U-2D était biplace, ce n'était pas une machine d'entraînement, mais un appareil utilisé pour des programmes de détection des émissions d'avions et de missiles, dans l'infrarouge, dans un effort pour fournir une alerte précoce d'une attaque nucléaire soviétique. Le U-2CT était un biplace avancé d'entraînement, et les U-2E et U-2F, dotés d'un réacteur J75, pouvaient être ravitaillés en vol (rayon d'action porté de 7.400 km à 15.000 km, et durée de vol atteignant plus de quatorze heures).

Le U-2G fut un modèle A, doté d'un train d'atterrissage renforcé, d'une crosse d'appontage, et de volets spécifiques, destiné à des opérations sur porte-avions, pour le compte de l'U.S. Navy (moins de cinq exemplaires construits). Le U-2R fut une version revue, avec une cellule agrandie de 30%, une capacité en carburant plus importante et des nacelles montées sous les ailes (une petite quinzaine fabriquée). Les variantes suivantes furent le TR-1A, une évolution du U-2R construite pour des missions de reconnaissance tactique à haute altitude avec un radar latéral, une nouvelle avionique et des équipements de contre-mesures électroniques améliorés, le TR-1B, un biplace destiné à la formation, et le TU-2S un appareil biplace issu du modèle précédent et doté d'un moteur amélioré. Egalement, des TR-1A et U-2R équipés d'un moteur plus puissant et plus léger General Electric F118-GE-101 et dotés d'équipements plus performants, furent regroupés sous la désignation U-2S, après la chute de l'Union Soviétique.

Le Lockheed U-2 (surnommé "Dragon Lady"), capable d'effectuer des missions de collecte intelligente de renseignements, de jour et de nuit, à haute altitude (70.000 pieds, 21.000 m), et par tous les temps, fut employé durant la période de la guerre froide (années 1950-1960). Il fut employé initialement par la Central Intelligence Agency, puis fut utilisé par l'U.S. Air Force et la NASA. Cet appareil fut également mis en oeuvre dans des conflits plus récents, en Afghanistan et en Irak, et fut un support pour plusieurs opérations multinationales menées par l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique Nord). Le U-2 fut aussi utilisé pour des recherches portant sur les capteurs électroniques, l'étalonnage par satellite, la recherche scientifique et la communication. Les derniers modèles (TR-1, U-2R, U-2S), furent mis en service dans les années 1980, et la dernière variante U-2S fut mise à niveau techniquement en 2012. Le premier vol du U-2 avait été effectué début août 1955, à Groom Lake (ou Area 51), Nevada, aux mains du pilote, Tony LeVier, et la production, effectuée entre 1955 et 1989, fut finalement d'un peu plus d'une centaine d'exemplaires.

Le U-2 pouvait emporter un grand nombre d'équipements, dans le nez de l'appareil, sur le dos du fuselage, dans une soute située en arrière du poste de pilotage (compartiment Q-bay pressurisé), ou dans les conteneurs à sections interchangeables placés dans les ailes. On peut citer, un groupe standard d'appareils de prise de vues photographiques comprenant une caméra à haute résolution HR-732 et une caméra grand angle RC-10, un groupe B 36 pouces (91 cm) avec ses magasins, une caméra multi-spectre ILS, une caméra métrique Wild-Heerbrug RC-10, ou encore une caméra panoramique Itec. L'avion pouvait être aussi doté de nombreux et variés équipements de détection non optique, comme des systèmes ELINT (Electronic Intelligence) et SIGINT (Signal Intelligence). Les capteurs non photographiques spécifiques, qui pour la plupart, s'inscrivaient dans plusieurs catégories, étaient généralement fournis et financés par des chercheurs et des organismes externes. Le Goddard Space Flight Center de la NASA à Greenbelt, Maryland, et le Lawrence Berkeley Laboratory (LBL) de l'Université de Californie, parrainèrent des recherches en astrophysique et en astronomie avec l'U-2.

L'avion était pressurisé de manière partielle (équivalence avec une altitude de 28.000 pieds, 8.500 m), et le pilote bénéficiant d'une siège éjectable, portait une combinaison spatiale qui fournissait l'apport en oxygène et assurait une protection en cas de dépressurisation de la cabine. Du fait de la longue durée des missions, il était possible de boire et de manger des aliments liquides, grâce à un conduit prévu dans le casque de protection. Pour les vols de reconnaissance effectués pour le compte de la CIA, il était proposé aux pilotes, une pilule de suicide afin de ne pas livrer de secrets à l'ennemi, en cas de capture.


Vue d'un U-2 Vue de face d'un avion espion à haute altitude U-2 montrant les ailes à très grand allongement. Egalement visible sur la photo, le train d'atterrissage était de type bicycle, et comprenait un ensemble principal portant deux roues, situé juste derrière le poste de pilotage, et un ensemble arrière de taille moindre, portant également deux roues, situé derrière le moteur. Les roues arrières étaient couplées avec la gouverne de direction afin d'assurer la direction pendant le roulage. Le train principal était complété par deux roulettes de stabilisation (pogo) fixées sous chacune des ailes, globalement au milieu, et servant uniquement lors du décollage (largage après l'envol). Afin de protéger les plans lors de l'atterrissage, des skis en titane étaient fixés aux extrémités de ces derniers.


Vue d'un WU-2A (origine : Bombers, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson) Vue et plan d'un Lockheed WU-2A de l'U.S. Air Force Flight Dynamics Laboratory. Cet appareil était une variante du U-2, qui fut employée pour assurer, dans le cadre du programme HASP (High Altitude Sampling Program), désigné de manière non officielle "Crowflight", des missions d'échantillonnage de débris radioactifs dans la haute atmosphère, après l'explosion d'armes nucléaires russes, chinoises et françaises. L'avion emportait une partie de l'équipement d'échantillonnage dans le nez dont la forme avait été un peu modifiée, et d'autres entrées pour les analyses avait été aménagées, côté gauche, au niveau du train principal antérieur. Des filtres étaient placés à l'intérieur de ces systèmes, et les membranes de ces éléments étaient par la suite analysées, afin de déterminer la puissance et la forme des explosions nucléaires. Pour mener sa mission, l'appareil devait voler en ligne droite, puis revenir en suivant le même parcours, cette forme de trajet étant à l'origine du nom du programme (crow fly). Ces appareils étaient mis en oeuvre par le Squadron No. 4028. Le programme fut arrêté en 1963, à la suite d'accords entre états, et les WU-2A furent remis au standard, avec des systèmes de prise de vues photographiques et des équipements électroniques.
Plans d'un WU-2A (origine : Bombers, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson)

Source partielle : Bombers, encyclopaedia of world aircraft - Kenneth Munson.

WU-2A               
Moteurs(s)/Engine(s)   1 réacteur de 5.080 kgp                     Pratt & Whitney J57-P-37A                     
Envergure/Span 24,38 m (79 ft 11.8 in) Longueur/Length 15,11 m (49 ft 6.9 in) Hauteur/Height 3,96 m (12 ft 11.9 in) Poids total/Weight 7.190 kg (15,850 lb)
Vitesse/Speed 910 km/h à 12000 m           Plafond/Ceiling 16.750 m (54,950 ft) Autonomie/Range 4.070 km (2,530 miles) Endurance/Endurance                     


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